Les conquérants de l'inutile
13 mai2014France, Haute-Savoie, Sport
Chevaucher des arêtes vertigineuses, traverser des glaciers crevassés ou lézarder au soleil sur des parois granitiques face à des décors somptueux, tout cela ne sera bientôt plus un rêve inaccessible...
Il y a de nombreuses années, en lisant un « incontournable » de la littérature alpine « les conquérants de l'inutile » écrit par Lionel Terray, je m'étais arrêté sur un extrait emprunt d'héroïsme, résumant assez bien le titre de l'ouvrage :
« …Bientôt Gaston est à mes côtés. Nous nous embrassons en hurlant comme des fous pour crier notre joie à la lune. Fous, ne le sommes-nous pas de nous être hissés jusqu'à ce lieu inaccessible au prix de mille souffrances et de risques cent fois renouvelés ? Qu'alliez-vous chercher là-haut ? diront les philistins. La gloire ? Qui se soucie des insensés qui, loin des yeux du monde, perdent leur jeunesse dans des combats sans but ? La fortune ? Nos vêtements sont en loques et demain, pour manger, nous reprendrons notre vie d'esclaves… »
A l'époque, jeune alpiniste débutant, l'engagement (très relatif) de la course convoitée était le premier critère de choix, le lieu et la météo passaient au second plan. Comme beaucoup d'apprentis alpinistes, les phrases de Lionel Terray avaient fait « mouche » !
Un quart de siècle plus tard, nulle gloire, nulle fortune et l'inutilité d'escalader des montagnes toujours aussi présente, ma pratique a évolué en gardant l'essentiel de ce qu'elle devrait être, à savoir : le partage de moments intenses dans un cadre magique, en limitant les risques et l'engagement au maximun. Ces moments je les dois bien entendu à mes différents compagnons de cordées avec lesquels des liens particuliers sont à jamais tissés mais aussi et surtout à la personne qui m'a formé, m'a fait confiance et m'a permis d'acquérir l'autonomie nécessaire à une évolution sereine dans un milieu hostile.
Aujourd'hui, ma plus grande joie est de faire partager cette passion à mes amis et de les voir évoluer vers cette autonomie tant recherchée. Bientôt viendra le moment d'initier mes enfants à cette fabuleuse activité.
Mais voilà, nous n'avons pas tous la chance d'avoir quelqu'un en mesure de nous accompagner, de nous conseiller, de nous apprendre les rudiments nécessaires à la sécurité. Trop souvent, la conséquence en est une prise de risque inutile (consciente ou inconsciente) qui fort heureusement ne se solde pas toujours par un accident dramatique…et pourtant…
La solution la plus simple consiste à faire appel à un professionnel de la haute montagne. Quel que soit le massif où vous vous trouvez, un bureau des guides saura vous mettre en relation avec la personne adéquate.
L'autre solution est d'adhérer à un club de montagne où de nombreux bénévoles sont en mesure de vous accompagner et vous former. Dans ce cas la progression et les objectifs sont différents mais la joie d'être en haute montagne sera toujours la même.
Alors, pourquoi ce billet ? Tout simplement pour souligner l'importance de certaines initiatives très prometteuses comme « Le Grand Parcours » organisé pour la deuxième fois par le CAF de Chamonix (Club Alpin Français), les 18, 21 et 22 juin prochains.
Une occasion unique de s'initier ou de se perfectionner encadrés par des professionnels et des bénévoles du CAF. Et comme l'activité est ouverte aux plus de 12 ans, vous pouvez y aller avec vos enfants !
Arghhh, mon fils n'a que 11 ans…encore 1 an à attendre ?
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